SAINT-CYPRIEN
Un bâtiment chargé d’histoire qui a bien besoin de votre soutien.
– abattement fiscal de 75% –
L’église de Saint-Cyprien fait partie d’un ensemble qui comprend l’église et son clocher ainsi que la confrérie des pénitents de Santa Croce. Elle se situe dans un cadre naturel exceptionnel et domine la Méditerranée. L’intérêt historique et architectural indéniable fait que l’ensemble du complexe a été inscrit au titre des bâtiments historiques en juillet 1996.
C’est un bâtiment remarquable car il est le carrefour d’une originalité architecturale défiant les siècles et d’une richesse artistique par l’apport incessant d’œuvres de créateurs reconnus de leur temps. Au-delà de ces particularités architecturales et artistiques, cette église a été le lieu de rencontre de personnages, eux aussi remarquables, qui ont marqué l’histoire du cap corse, de la Corse et du monde.
Avant de présenter l’histoire de l’église, l’état des lieux nous invite à vous parler de l’urgence de sauver Saint Cyprien.
Le temps a fait son œuvre et l’église est actuellement en grand péril, ainsi que les joyaux qu’elle abrite.
Nous mettons tout en œuvre pour sauver ce patrimoine : demandes de subventions publiques, une souscription est en cours avec la Fondation du Patrimoine, nous avons candidaté pour le loto du Patrimoine avec la Fondation Bern et ce n’est qu’avec vos dons (déductibles à 75% des impôts) que nous pourrons y arriver.

600 ANS
UNE LONGUE HISTOIRE
On sait très peu de choses sur l’histoire ancienne de l’église mais on retrouve la première mention documentaire citant nommément San Cipriano en 1470. L’église existe donc bel et bien à la fin du Moyen Âge et elle semble être dès cette époque le nouveau centre religieux des villageois.
En 1577, il y a eu d’importants travaux de reconstruction complète de l’édifice et la probable transformation de l’église romane à abside de 1470 en une église «moderne», selon la conception de l’époque. Se sont ensuite succédé une suite de transformations avec les constructions des chapelles latérales entre 1577 et 1696 puis d’autre ont suivi en 1750 avec le voûtement de la nef qui avait jusqu’alors une toiture charpentée. C’est probablement à cette période aussi qu’a été réalisé le décor en stuc ornant la nef et le chœur ainsi que l’élégant décor peint de style baroque ornant, à l’intérieur, la grande fenêtre axiale de la façade et les deux premières fenêtres hautes de la nef (au-dessus de l’orgue), tous deux caractéristiques de ce qui se fait en Corse autour de 1750.
La restauration de la façade, plus tardive, date de 1891, est de style baroque tempéré de néo-classicisme. Elle est à double colonnade sur deux niveaux, sur le modèle de celle de Sainte Suzanne de Rome.

Santa Suzanna de Rome et Saint-Cyprien
L’église abrite de nombreux éléments remarquables, notamment la chaire à prêcher et les fonds baptismaux de l’ébéniste Giovanni Pellegrini en 1696 et l’orgue de 1770 signé du facteur Petrus Pirani, un des plus vieux orgues de Corse. Les chapelles latérales ont été décorées par le peintre Gennario Muratori à la fin du XIXe siècle.Le tableau de Badaracco « St Christophe portant l’enfant Jésus » de 1642, la chaire et le baptistaire signés de Giovanni Pellegrini de 1696, le tableau « Martyre de St Laurent » (anonyme de 1871) sont tous inscrits au titre d’objets des monuments historiques.
Michel Verge Franceschi, dans son article de la revue Storia Corsa de décembre 2024 rapporte : « Cette église est aussi le témoignage de ce que furent les Corses du XVIe au XIXe siècle. Elle possède derrière son maître autel l’une des plus anciennes pierres tombales armoriées de l’île. Celle des 3 frères Porrata de Morsiglia, du hameau de Stanti, datée de 1589. Tous 3 étaient alors établis à Marseille avec leur cousin germain Antonio Lenche, 2e consul de Marseille assassiné par les Ligueurs en 1588, victime de l’intolérance religieuse étrangère à l’âme Corse. Elle voisine avec la dalle funéraire d’Antonio Antonetti (1700-1771) du hameau de Pecorile qui a hébergé en 1765 le grand écrivain Écossais, James Boswell, qui a rendu célèbre Pascal Paoli jusqu’à Boston et Philadelphie dès 1766.»

D’autres plaques funéraires témoignent de la richesse des habitants vendeurs de l’excellent vin muscat du cap Corse depuis Charles VIII à Marseille dont celle de Leonetto Benedetini, datée de 1642, aïeul des Carracioli et du général comte Leonetto Cipriani (1822-1888), l’un des acteurs de l’unité italienne auprès de Cavour et de Napoléon III.
C’est aussi dans cette église que venait prier le futur docteur Antommarchi, dernier médecin de Napoléon 1er à Sainte Hélène, natif du village et d’abord formé au couvent de l’Annunziata par ses oncles prêtres et maîtres d’école. Symbole de tolérance et d’ins- truction, de richesse et de goût, San Cipriano témoigne de l’ouverture des Corses sur le monde. L’État des âmes de 1667 mentionne nombre de Morsigliais comme établis « in India » c’est à dire aux Amériques ou Indes occidentales. Enrichis outre Atlantique ils élevèrent plusieurs des 120 Palazzi americani du cap Corse qui succédèrent aux Tours érigées à Morsiglia au XVIe siècle notamment par Andrea Gaspari (v1540-1590) mort à l’Escorial après avoir été l’ambassadeur de Philippe II d’Espagne au Maroc où il ramena le corps du roi don Sébastien de Portugal dernier souverain de la dynastie des Aviz.
Grâce au muscat vendu à Marseille et à Rome. Grâce à leurs plantations de sucre aux Amériques. Grâce à leurs fonctions de gonfaloniers de Livourne (les Lorenzi du hameau de Stanti), de consuls de Marseille (les Lenche en 1567 et 1587), de mousquetaires de Louis XIV (Scipion Lenche mort pour la France en 1677 à Cassel) les Morsigliais ont pu faire de San Cipriano non seulement une église mais aussi un musée que l’impératrice Eugénie continua elle-même à enrichir et dont le souvenir reste vivace 200 ans après sa naissance en 1826 à Grenade. »
Ne laissons pas l’histoire de Saint-Cyprien prendre fin.

Une étude a été réalisée sur l’état des bâtiments et de ses éléments remarquables.
À la suite de celle-ci une souscription a été lancée afin de récolter des fonds. Certains travaux sont particulièrement urgents.
On peut voir des traces de ruissellement devant les fenêtres et des remontées capillaires le long des murs.
Une fissure structurelle est traversante entre le chœur et le corps de l’église. La façade est lézardée et subit les assauts du vent et des embruns.
Par ailleurs, à certains endroits, la toiture est affaissée et n’assure plus l’étanchéité. Des infiltrations d’eau dégradent les fresques et les œuvres d’art et des travaux d’urgence doivent être entrepris.

À l’intérieur, outre les fresques, tableaux et œuvres d’ébénisterie à protéger ou restaurer, l’association Morsiglia Patrimoine a le projet de sauvegarder un orgue de 1770 dont l’expertise en vue de son classement conclut : « En dépit des restaurations que cet orgue a subies, l’essentiel est resté préservé. Il s’agit donc d’un instrument relativement bien préservé notamment au niveau de sa tuyauterie ancienne encore complète à 94 %. A ce titre la valeur patrimoniale de cet ensemble est évidente et une protection au titre des monuments historiques apparait pleinement justifiée ».

Cette église paroissiale, outre son affectation cultuelle qui est à maintenir, possède d’autres potentialités qu’il semble important de valoriser après restauration :
Son emplacement au milieu du maquis, surplombant la Méditerranée à l’ouest du Cap Corse, au carrefour des chemins de randonnées, est exceptionnel.
La mise en service de l’orgue permettrait d’accueillir des stages, d’organiser des concerts de musique classique ou baroque.
La qualité acoustique du bâtiment laisse envisager la possibilité de concerts ou toute autre manifestation chorale
L’usage des autres structures du complexe paroissial (presbytère, confrérie) pourrait permettre la création d’un musée et surtout une résidence d’artistes, d’architectes, de musiciens, de professionnels des arts et métiers pour découvrir les techniques ancestrales et les faire perdurer.
La richesse du patrimoine de Morsiglia pourrait générer un lieu de documentation et d’archivage de documents patrimoniaux liés à l’histoire de la commune.