Le village de Morsiglia est historiquement remarquable.
À l’extrémité de la pointe Nord du Cap il a, de tous temps, été au carrefour des échanges en Méditerranée. Ses liens avec la France sont très anciens car les Lenche (famille de Morsiglia) ont créé la Magnique Compagnie du Corail à Marseille grâce à Henri II en 1552 et avec l’appui du dey d’Alger. Ils ont ainsi tissé des liens de négoce et de diplomatie entre la France et le Maghreb. Ils ont donné leur nom de Place Lenche à la plus ancienne place de Marseille jusqu’à aujourd’hui. Scipion Lenche a accueilli à Marseille Louis XIV en 1669, lequel a dormi chez eux.
Les liens de Morsiglia avec les Amériques datent également puisque les registres de catholicité du village -notamment l’État des âmes de 1667- conservés à Gênes (Fonds Corsica) montrent nombre d’habitants de Morsiglia « In India » notamment au Pérou. Au XIXe siècle, bon nombre de famille morsigliaises ont migré en Amérique du Sud, surtout au Venezuela, pour y faire fortune.
Le village dispose donc aujourd’hui aussi bien des Tours carrées du XVIe siècle, avec armoiries de marbre sur les façades (1591), que des fameux « Palazzi americani », construits à la fin du XIXe par les Cap corsins de Porto-Rico ou de Trinidad dans les villages où ils étaient nés. Morsiglia est un village qui se trouve au cœur d’un triangle France/Maghreb/Amériques et qui symbolise la force des réseaux humains par-delà les religions et les océans ; un village qui a donné naissance au Docteur Antommarchi dernier médecin de Napoléon à Sainte-Hélène.
Des historiens locaux ont animé cette journée en décrivant les liens de Morsiglia avec la mer (M.A. Graziani) et l’implication géopolitique des Morsigliais pendant trois siècles (M.Vergé Franceschi). Nous avons aussi mis en évidence la majesté architecturale de l’église paroissiale (C. Paoli-Ciavaldini) et des œuvres d’art qu’elle abrite (M.E. Nigaglioni) et dont la restauration est urgente. G. Ravis-Giordani a conclu la journée de conférences par une description ethnologique de Morsiglia au XIXe siècle. La journée s’est clôturée par un spectacle musical et visuel autour de lettres échangées entre les émigrés corses d’Amérique du sud et leurs familles cap corsines à la fin du 19ème siècle. « Le chant des mers, du Cap Corse aux Amériques » par l’ensemble Poly-sons.